Lorsqu’on parle de rouge, de vert ou de bleu, tout le monde sait de quoi on parle. Rien de sorcier à priori ! Et pourtant, à y regarder de plus près, ce n'est pas aussi évident.
La perception des couleurs est un phénomène très subjectif, propre à chacun d’entre nous, mais c’est également un procédé très instable et changeant. Il vit et évolue en permanence au rythme de son environnement.
Tracez deux ronds du même rouge sur deux feuilles. Pour le 1er, peignez du noir autour et pour le second du jaune. Vous constaterez que le 1er rouge vous paraîtra plus foncé que le second alors qu’ils sont parfaitement identiques !
Les couleurs vibrent littéralement et ce n’est pas un hasard si ces dernières peuvent être justement définies selon une longueur d’ondes !
Face à cet arc en ciel gigantesque, il est nécessaire de mettre un peu d’ordre pour y voir plus clair...
Afin d’identifier et classer les couleurs, il faut s’intéresser à trois dimensions caractéristiques. Les couleurs seront en effet définies selon leur teinte, leur valeur mais également leur saturation.
La teinte.
Il s’agit très certainement du critère le plus facile à appréhender. Les couleurs sont définies pour commencer par une teinte générale. On parle aussi de nuance. Le vert est différent du rouge, il lui est même diamétralement opposé (mais on développera cet autre aspect plus tard). On distingue aisément ces deux teintes et il est d’ailleurs assez facile de leur attribuer un nom.
La valeur.
Voilà un second critère incontournable de la couleur. On parle encore de clarté. Elle caractérise l’intensité lumineuse perçue d’une surface. Plus une couleur va être en capacité de réfléchir la lumière, plus elle va nous paraître claire. Pour faire simple, à nos yeux, une couleur sera donc claire, moyenne ou foncée.
La saturation.
Il s’agit du dernier critère d’identification d’une couleur. Ici il est question de son intensité ou encore de sa pureté. Ainsi une couleur sera définie comme terne ou vive. Cela dépendra directement de sa charge en pigments colorés. Plus une couleur a de pigments, plus elle est saturée et plus elle est intense. A l’inverse, plus elle sera désaturée, plus elle sera perçue comme terne et grise à nos yeux.
L’illustration ci-dessous reprenant les trois dimensions des couleurs permet de mieux visualiser les influences de ces différents critères.
Maintenant que nous avons passé les couleurs en revue, il est temps de jouer avec elles et de se les approprier. La théorie est une chose mais la pratique en est une autre et savoir mélanger les couleurs n’est pas nécessairement instinctif pour tout le monde…
Tout commence avec trois couleurs primaires. Le magenta (rouge primaire), le cyan (bleu primaire) et le jaune primaire. Pour rappel, elles sont dites primaires car il s’agit de teintes de base qu’il n’est pas possible d’obtenir par le mélange d’autres couleurs.
Ajoutez le blanc et le noir et vous serez en mesure de créer presque toutes les nuances de couleurs possibles et inimaginables !!
Lorsque vous mélangez deux couleurs primaires à parts égales, vous obtenez les couleurs secondaires que sont l’orange, le vert et le violet. Puis lorsque vous introduisez de nouveau la primaire à la secondaire précédemment créée (et qui lui est voisine), vous obtiendrez un niveau supplémentaire avec les couleurs tertiaires.
Prenons l’exemple avec le mélange du jaune primaire avec le magenta. Cela donne de l’orange en couleur secondaire. Par la suite, le mariage de cet orange avec du magenta donnera naissance à un rouge orangé en couleur tertiaire.
Et c’est ainsi qu’on arrive à ce fameux cercle chromatique composé de 12 teintes (3 primaires, 3 secondaires et 6 tertiaires). On comprend immédiatement l’enchaînement naturel et les subtiles transitions entre les différentes couleurs du spectre de la lumière blanche. A noter qu’on peut diviser ce cercle en deux avec d’une part les couleurs chaudes allant du jaune au rouge violet et d’autre part les couleurs froides qui vont du jaune vert au violet.
On observe par la même occasion que chaque couleur se situera toujours entre deux autres et ainsi on comprend comment par le simple fait d’ajouter une certaine quantité d’une couleur primaire directement voisine, on la fait évoluer dans un sens ou dans l’autre.
La palette de couleurs est très large mais il est possible de l’agrandir davantage en utilisant sa profondeur. En jouant avec la saturation notamment, on complète les nuances d’un même ton.
Non seulement, on crée toujours plus de couleurs mais dans le même temps, on augmente considérablement les combinaisons et jeux de couleurs possibles.
Pour apporter ces contrastes et reliefs supplémentaires à vos créations, nous aurons à disposition l’ajout de blanc, de noir ou encore de la complémentaire à la teinte initiale. La complémentaire étant la couleur située à l’exact opposé sur le cercle chromatique.
C’était le cas repris dans l’exemple quelques lignes plus haut avec le rouge et le vert. Donc si on souhaite désaturer la couleur magenta, on ajoutera progressivement ce vert secondaire.
On neutralise la couleur de départ. La désaturation par le biais de cette technique est très intéressante. Elle est très utilisée surtout par des peintres paysagistes car cela permet de créer naturellement les ombres des différents sujets et objets dans leurs peintures et elle permet aussi de retrouver des couleurs moins vives qui seront davantage le reflet de la réalité.
Le mélange des couleurs fait peur à beaucoup de jeunes artistes amateurs. Ce procédé peut sembler complexe et déroutant, qui plus est lorsqu’on cherche à réaliser des reproductions fidèles de toiles existantes.
Le mieux est encore d’expérimenter par soi-même les mélanges de couleurs. Plus vous vous exercerez, et plus ce sera facile de trouver les bons dosages.
Un très bon exercice qui permet d’éviter la pression et les frustrations sera de réaliser le nuancier d’une couleur sur un support vierge au fil des mélanges que vous réaliserez. Déclinez ceci avec autant de teintes que vous le souhaitez et lorsque vous êtes plus à l’aise, vous pourrez essayer de faire un simple dessin sous forme de mosaïque et de remplir chaque case avec différentes nuances d’une même couleur.
Maintenant que nous sommes familiarisés avec l’éventail des couleurs et la manière de les créer, encore faut il savoir les associer correctement. Car tout ne s’accorde pas naturellement. Il faut trouver le bon équilibre afin de rendre l’ensemble agréable à l’œil.
Lorsqu’on réalise un tableau, il est utile de définir une sélection de couleurs afin d’obtenir un rendu esthétique.
Si on reprend notre cercle chromatique, on pourra mettre en évidence quelques harmonies colorées.
Il existe les harmonies analogues, complémentaires, triadiques, tétradiques, monochromatiques ou encore complémentaires adjacentes. A chacune ses avantages et inconvénients. Votre choix dépendra du rendu final que vous désirez obtenir.
Pour terminer et illustrer ceci, observons le tableau « Entre deux mondes ». Nous avons une harmonieuse opposition entre des dégradés de couleurs froides en haut à droite et des dégradés de couleurs froides dans l’angle inférieur gauche.
Pour finir la transition se fait par une couleur orangée qui est une extension naturelle commune de ces deux univers colorés. Le noir ainsi que les subtiles projections de couleurs vives viennent enfin apporter du contraste et du relief à l’ensemble du tableau.
Pour résumer, on peut affirmer que l’univers des couleurs est très vaste et bien qu'il est intéressant d’apprendre sa théorie, cela ne remplacera jamais la pratique. Alors expérimentez un maximum, amusez-vous de vos découvertes afin d’en voir de toutes les couleurs !